Jolie petite histoire by Louis Bertignac

Auteur:Louis Bertignac [Bertignac, Louis]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Cherche Midi
Publié: 2022-04-28T11:31:51+00:00

Pendant ces séances, il s’est passé quelque chose qui m’a un peu vexé. Devant l’envie de Jean-Louis, Richard et François de conquérir le marché américain, Bob Ezrin a décidé d’adapter certaines de nos chansons en anglais et il a choisi en premier « Ça, c’est vraiment toi ». J’étais déçu qu’il ne choisisse pas « Cendrillon », d’une part parce que j’étais le seul à avoir un bon accent, et quand j’ai entendu Jean-Louis chanter « zate ize rili you », j’étais vraiment déçu, et d’autre part parce que musicalement « Cendrillon » se prêtait à une version anglaise et qu’en plus je me sentais de faire moi-même l’adaptation et de la chanter en anglais. J’ai demandé à François pourquoi Bob n’avait pas retenu cette chanson et il m’a répondu : « Tu as raison, c’est la seule qui a une chance de marcher, mais si c’est le cas, les Ricains penseront que c’est toi le chanteur du groupe et ça va foutre la merde. »

Le disque de Téléphone en anglais n’est jamais sorti.

Mais nous avions malgré tout décidé de jouer aux États-Unis. L’année suivante, nous avons commencé par quelques dates à New York. C’était sympa et toujours complet mais nous ne prenions pas de risques, on jouait dans de petits clubs devant un public de Français expatriés et on retrouvait l’ambiance des tournées de nos débuts, sans gros moyens, avec le fidèle Cow-boy qui trimballait notre matos. Nous avons quitté New York pour Chicago. Arrivés à l’aéroport, personne ne nous attendait. Nous décidons de nous rendre directement au club où nous devions jouer, on loue un van et on rejoint la boîte où devait avoir lieu le concert. L’endroit était désert. On sonne et un type vient nous ouvrir et nous dit :

« Mais on ne vous a pas prévenus que c’était annulé ?

— Ah non, on nous a rien dit.

— Ah je ne sais pas quoi vous dire… Si vous voulez, vous pouvez jouer quand même. »

On s’est dit que ça ferait une bonne répétition et on a installé le matos mais alors qu’on s’apprêtait à jouer dans une salle vide, un type est entré, un Black qui ressemblait à un affranchi, chapeau, chaine en or et grosses bagues. Il s’est assis et a commandé une bière.

Ça changeait un peu les choses car ce qui devait être notre répétition devenait un concert pour UNE personne. Jean-Louis ne voulait pas jouer et finalement on a commencé avec « Cendrillon » et puis à la fin du morceau, le gars s’est levé et nous a applaudis. On s’est pris au jeu, on a joué pour lui et au final on a donné un super concert.

Ensuite, nous sommes partis pour la côte ouest. Nous avons joué à Los Angeles. Il paraît que Bob Marley était dans la salle, je vous raconte ça pour me la péter mais on l’a attendu dans les loges à la fin du concert et il n’est pas venu.

Si je devais résumer cette minitournée américaine je dirais bilan mitigé.

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